Comment rendre la philosophie vivante et accessible à des non-spécialistes ? En s?adressant à Albert Jacquard ! Interrogé par Huguette Planès, professeur de philosophie au lycée d?Albi, Albert Jacquard examine un certain nombre de notions dont quelques-unes appartiennent au programme des classes de terminale ? totalitarisme, rationnel/irrationnel, violence, désir, citoyenneté, par exemple ? et d?autres font partie des questions dont chacun entend parler tous les jours ? bioéthique, écologie, droits des femmes, internet, jeunesse, mondialisation, solidarité, etc.
Avec des mots simples, il nous rend accessibles des univers de pensée qu?on croyait réservés aux spécialistes.
Le pire n'est pas certain, mais le temps nous est compté. Une première certitude : les Terriens ne pourront pas quitter leur planète et s'installer sur une autre. Une seconde certitude : nous devons nous projeter dans le futur, car le futur c'est demain. A partir de là, il faut dresser la liste des impasses où nous sommes engagés et montrer, si nous persévérons dans cette voie, quel type de catastrophe s'ensuit à chaque fois. Les questions traitées sont : - l'escalade nucléaire ; - la démographie ou l'impérieuse nécessité de l'ouverture des frontières ; - la redéfinition de l'évolution ; - l'intégrisme de l'économie ; - l'écologie. Le dernier chapitre est consacré à montrer que le XXIe siècle sera le siècle de l'éducation généralisée ou ne sera pas.
Polytechnicien et généticien, Albert Jacquard fait grand crédit de la vérité scientifique et il tient pour vrai ce qui résiste à la critique rationnelle.
Mais c'est aussi un homme de conviction et d'engagement ; ses thèses - la solidarité des vivants, le dépassement de l'égoïsme individuel, la responsabilité devant l'avenir, le refus de la compétition, etc. - sont imprégnées des préceptes de la morale évangélique. Son livre sur saint François d'Assise (Calmann-Lévy) et son livre de dialogue avec l'abbé Pierre (Seuil) en témoignent.
Il a décidé ici de faire le point sur sa relation au catholicisme, à Dieu, à la croyance.
Dans une première partie, il prend à bras le corps le Credo de l'Eglise catholique et, mot à mot, il le commente en se demandant : Qu'est-ce qu'un scientifique du XXIe siècle peut retenir de cette prière ? Qu'est-ce qui tient encore ? Dans une seconde partie, il montre qu'on n'a pas besoin de croire à des dogmes et à une Eglise pour adhérer au message du Sermon sur la Montagne, et que ce dernier a conservé toute sa bouleversante fraîcheur si on le débarrasse de la dogmatique qui l'a recouvert.
Depuis maintenant trois ans, Albert Jacquard fait tous les jours une émission de cinq minutes à France-Culture, intitulée « le regard d'Albert Jacquard », dans laquelle il discute brièvement une question d'intérêt général. Son souci est toujours le même : essayer de produire davantage de lucidité, ne pas se contenter des idées toutes faites, récuser la logique exclusivement marchande qui préside à toutes les décisions, réintroduire partout la dimension humaine.
Nous avons opéré pour ce livre une sélection de quelques-uns de ces textes, de façon à présenter une sorte de panorama complet des grands thèmes de sa pensée : la science, l'avenir de l'humanité, l'imposture économiste, les rencontres, l'engagement citoyen.
Chaque texte comprend deux ou trois pages.
Sur le ton de la confidence, après la mort de sa femme, Albert Jacquard raconte son enfance et sa jeunesse. Non pas pour le plaisir de se raconter, tout au contraire, mais parce que cette enfance et cette jeunesse sont d'une certaine façon celles d'un autre que celui que nous connaissons, l'infatigable défenseur des sans voix, le pourfendeur de la compétition, l'observateur lucide du monde. Cet « Albert Jacquard avant Albert Jacquard » nous révèle une jeunesse pendant laquelle il se tenait soigneusement à l'écart du monde, de sa rumeur, de ses drames, et même de la Guerre qui se déroulait sous ses yeux de lycéen provincial.
Il nous raconte, de façon bouleversante, l'accident de voiture qu'il a vécu quand il avait neuf ans, dans lequel ont péri l'un de ses frères, et ses grands-parents paternels. Lui, n'a été « que » défiguré. Cette trace, il l'a portée toute sa vie, plus jamais il ne s'est reconnu dans une glace.
Il raconte aussi ses années à Polytechnique, le carriérisme de ses camarades, son insatisfaction, puis ses premières années à la manufacture des Tabacs où, après s'être montré bon élève, il se montre bon ingénieur mais piètre citoyen - à ses yeux d'aujourd'hui. Puis le départ aux États-Unis avec sa femme et ses fils, le retour à Paris et, par hasard, dit-il, la rencontre avec le militantisme.
C'est quand Albert Jacquard devient le célèbre Albert Jacquard que ce livre s'achève.
« J'atteins l'âge où proposer une utopie est un devoir ; l'âge où les époques à venir semblent toutes également éloignées : qu'elles appartiennent à des siècles lointains ou à de prochaines décennies, elles sont toutes tapies dans un domaine temporel que je ne parcourrai pas. » Le ton est donné par ces premières lignes : personnel, engagé, serein. Dans ce livre-manifeste, Albert Jacquard, en même temps qu'il raconte pour la première fois son enfance et sa jeunesse, livre ses convictions et expose son utopie. Convaincu que nous allons vers un monde d'où le travail-aliénation peut disparaître, il développe l'idée d'une « Cité où tout serait école », où l'on ne parlerait plus du déficit de la Sécurité sociale parce que les soins seraient intégrés au budget de l'Etat au même titre que l'Education ou la Défense, où l'accumulation des richesses céderait le pas à l'organisation des rencontres, où la technique cesserait d'être conçue pour asservir, etc. Utopie ? Bien sûr, mais raisonnable. Car qu'y a-t-il de plus raisonnable que de constater que nous sommes condamnés à inventer de nouvelles voies, faute de quoi le pire est certain.
À l?occasion du centenaire des Jeux Olympiques, Albert Jacquard propose ici une réflexion quelque peu iconoclaste sur cette institution généralement incontestée.
Les Jeux Olympiques sont-ils des jeux ? Est-ce bien de sport qu?il s?agit encore ? Telles sont les deux questions principales qui sous-tendent ce bref pamphlet.
Par rapport en effet à ce qu?étaient les Jeux dans l?Antiquité, et par rapport aussi à ce qu?ils étaient dans la pensée de leur moderne restaurateur, Pierre de Coubertin, les Jeux Olympiques ont été complètement dévoyés. Au lieu de l?émulation, c?est la compétition implacable qui prévaut ; au lieu de la gratuité propre par définition au jeu, c?est la marchandisation à outrance qui a triomphé.
C?est ainsi que le dopage s?est introduit massivement dans le sport de haut niveau, transformant les sportifs en une nouvelle espèce, intermédiaire entre les humains et les monstres. En généticien, Albert Jacquard réfléchit sur cette entreprise de transformation des êtres humains, transformation dont le profit est la seule règle.
Enfin, il propose en quelques points une nouvelle charte pour un « olympisme humaniste ».
Au moment où la question du nucléaire civil devrait occuper une place de choix dans la campagne électorale, elle n'est pas vraiment débattue par les principaux candidats. Or, à celle-ci est étroitement liée la question du nucléaire militaire, qui, loin d'être une réflexion réservée aux stratèges, nous concerne tous. Stéphane Hessel et Albert Jacquard conjuguent leur voix pour lancer un appel au désarmement nucléaire total, en complément d'un état des lieux établi avec l'Observatoire des armements. Parce que l'existence de ces armes menace le destin de l'Humanité. Parce que les arsenaux du monde entier contiennent l'équivalent de 60 000 bombes de la puissance de celle d'Hiroshima. Parce que l'Iran, le Pakistan, Israël et la Corée du Nord détiennent ces armes dans un contexte géopolitique d'une extrême fragilité. Parce que l'avènement de l'ère nucléaire militaire, toute force de dissuasion, tout équilibre de la terreur, sont devenus de tragiques illusions. Parce qu'il n'est pas trop tard, et qu'une prise de conscience et une sensibilisation du public s'imposent.
« Je n'ai aucun lien de parenté avec Albert Jacquard. Pourtant, la vie m'a offert cette chance de le rencontrer et de devenir proche de lui. Au fil de ces deux dernières années s'est tissée entre nous une longue conversation intime, faite de mes questions sur le monde et de ses précieuses réponses. Il me semblait que je ne pouvais pas garder pour moi seule la richesse de ces réflexions, qu'elles appartenaient à tous ceux que la pensée d'Albert avait un jour ou l'autre atteints au fond du coeur. Ces mots qu'il avait voulu me confier avant de partir, je suis heureuse de les rassembler dans un livre, les transmettre, les partager pour rendre hommage à un homme singulier qui pour beaucoup d'entre nous restera un guide éclairé. »
Sur sa fin prochaine, sur ses espoirs et ses craintes, sur les relations hommes-femmes, sur sa famille, sur l'amour, Albert Jacquard s'exprime ici comme il ne l'avait jamais fait auparavant. Avec une sérénité et une netteté bouleversantes. C'est comme si, à nouveau, on entendait sa voix et qu'elle nous disait ces mots qui nous manquent depuis qu'il n'est plus là.
Tout les différencie : elle, née de parents algériens dans un quartier défavorisé de la banlieue de Clermont-Ferrand, musulmane et croyante ; lui, issu de la bourgeoisie française bien pensante, polytechnicien et agnostique. Mais ils partagent la conviction que la vie n'a de sens que si on considère autrui comme un frère (ou une soeur...) et qu'on est prêt à « mouiller sa chemise » pour lui. Leurs ennemis à tous deux s'appellent fanatisme, intolérance, esprit de secte. Ils comparent leur trajet dans la vie, leur découverte de l'engagement et, surtout, leur rapport à la religion et à la croyance. Quand un agnostique qui s'interroge sur le sens de la vie et une croyante qui déteste le fondamentalisme font ensemble un bout de chemin, ils se découvrent plus de points communs qu'il n'y paraît.