Depuis sa table de travail, le romancier Gérald Tougas jetait des regards contemplatifs sur les arbres de sa châtaigneraie. Frappé de cécité quelques années avant sa mort, il dut à regret renoncer à la poursuite de son oeuvre.
Les poèmes de La châtaigneraie évoquent la longue amitié ayant lié l'auteur à son ami romancier. Poésie à caractère biographique, hommage à l'ami disparu, ce livre est aussi une célébration de la littérature.
La châtaigneraie recompose le visage d'un homme dont les yeux semblaient la beauté même posée sur la beauté du monde.
Le recueil de poèmes d'une grande unité touchera ceux qui résident dans les Cantons de l'Est d'abord par ses paysages, la relation entre les deux hommes, les lieux où l'auteur comme celui à qui cet hommage est dédié ont enseigné tous deux au Cégep de Granby.
D'une portée universelle par son thème, La châtaigneraie touchera au-delà des sentiments ceux qui ont encore un espoir dans l'humanité et ce qu'il reste d'humain sur Terre.
Le Noroît est heureux d'annoncer le retour de Daniel Guénette avec le recueil Varia. Ici, l'effet de la rime laisse entendre quelque chose comme un chant, évoque un certain embarras. Telles sont du moins les significations du mot « aria ». En détachant du V initial la suite du mot, on comprend que le lyrisme contient une part de soucis; c'est confirmer l'intuition baudelairienne voulant qu'à partir du mal, le poète se plaise ou complaise à fleurir des sentiments. Le mot « varia » suggère l'idée de choses diverses. Par antiphrase, le titre s'inscrit ici en faux contre la croyance voulant que ces choses aient peu de poids, et qu'il n'y ait, par conséquent, pas urgence à en traiter. Mais la poésie n'a que faire de tels délais.
Ce numéro « Trentième anniversaire » veut poursuivre le dialogue avec un collègue qui fut durant douze ans directeur de la revue Études françaises. À travers les témoignages de ses contemporains, on retrouve les multiples facettes de la personnalité de celui qui a été, de l'avis général, un intellectuel exemplaire. Textes d'écrivains et inédits de G.-André Vachon s'ajoutent à cet hommage, de même qu'une brève histoire de la revue.
Dans cet essai portant sur la poésie, l'auteur cherche à développer sa pensée en prenant appui sur ses lectures. Des classiques l'ont nourri ; des poètes l'ont conduit à développer sa propre poétique : de Du Bellay à Fénelon, de Baudelaire aux surréalistes, des modernes d'hier à de plus récents, entre autres Caillois, Melançon et Bonnefoy. S'il s'attarde aux réflexions de quelques écrivains anciens et découvre leur étonnante actualité, il s'intéresse davantage encore au travail de ses contemporains. Dans la tendance qu'ont certains à magnifier la poésie, il perçoit des enthousiasmes discutables. Il juge qu'on prête à la poésie des prestiges relevant parfois de la prestidigitation. Il s'en étonne. Des nues où certains persistent à établir le royaume de la poésie, il la fait redescendre sur terre, attendant de sa désacralisation des résultats moins nébuleux.
« Un chien qui crève ! / M'ont crié des enfants ; voilà tout ce que c'est. » L'animal domestique se réduit-il à si peu de chose ? L'école des chiens n'aborde pas de front la question, mais elle y répond dans la mesure où son écriture témoigne de l'importance du lien qui, même à travers la mort, unit le narrateur à son animal de compagnie. La vie du chien semble insignifiante, tant elle est constituée de répétitions. Pourtant, au fil des jours, se trame une véritable histoire, emplie de petits rebondissements et de grands enseignements. À la fin, l'attachement atteint des proportions telles que le maître esseulé ne peut que tenter d'insuffler un certain regain aux cendres éteintes de son vieux compagnon.
Le doute apparaît ici comme un antidote à la folie meurtrière de ceux qui imposent leurs certitudes. Un certain dieu semble avoir la vie dure et s'ingénier, à travers ses prétendus représentants, à rendre l'existence des hommes tout à fait impossible. Devant la montée des intégrismes, force est de constater que l'intolérance religieuse n'est pas plus morte que ses dieux.
Carmen quadratum parce qu'ici le chant est carré, peu lyrique ; carré également dans le sens où une construction rigoureuse préside à son élaboration. Il convient d'aborder ces textes par les quatre côtés de l'ouvrage. En ce sens, celui-ci repose sur une relation construite entre chacune des pièces des quatre mouvements du poème, dans leur ordre d'apparition dans chacun des mouvements.
Carmen quadratum offre donc un seul et même poème, composé de fragments brefs et variés. Le poète s'y fait discret. S'il y est moins éloquent que dans le Traité de l'Incertain, il reprend néanmoins quelques thèmes de ce recueil. Il demeure perplexe face à des pratiques religieuses ou culturelles aberrantes, il aborde aussi des sujets plus aimables, tel le plaisir que suscite une chanson fredonnée lors d'une promenade. Parmi l'abondance des désastres, on rencontre des embellies.