« L'histoire que l'on écrit est toujours fécondée par le présent. Le projet de ce livre a pris forme à la fin des années 1990, dans un moment de grande morosité collective. Comme je ne voulais pas ajouter ma voix au concert des cyniques, et que je suis allergique à la fuite en avant des marchands de rêves, j'ai cherché dans notre histoire une autre génération confrontée à des défis semblables aux nôtres [...]. Par delà le siècle et demi qui nous sépare de la génération des réformistes, j'ai eu l'impression de retrouver des incertitudes similaires face à l'avenir. Les uns comme les autres vivent les lendemains troubles de grandes espérances. Le temps des réformistes n'est ni celui des mythes fondateurs, ni celui des Grands Soirs. C'est un temps désenchanté, morose même; un temps de prudence, non d'élans prophétiques. En allant vers les réformistes, mon but n'était pas de réhabiliter des personnages « illustres » ou de dénicher un programme d'action pour l'avenir [...]. J'ai plutôt voulu comprendre les questions qu'ils s'étaient posées et les réponses qu'ils avaient fournies, et voir comment, par la pensée et par l'action, ils avaient conjuré les angoisses d'un présent incertain. »
Des paradis fiscaux au jazz de Port-au-Prince, de la pertinence des cégeps au souci de vérité en littérature, Nouveau Projet 10 balaye de nombreux sujets. Le dossier central (plus de 50 pages) porte quant à lui sur Montréal. Dans le cadre du 375e anniversaire de sa fondation, nous avons eu envie de réfléchir à son passé, son présent, son avenir. Nous avons demandé à une vingtaine d'écrivains, de chercheurs, de dramaturges, d'historiens, de penseurs, d'illustrateurs et de journalistes de nous rapporter leur vision de Montréal. En résulte un portrait kaléidoscopique, parfois dissonant, à l'image de cette ville aux mille identités.