"La main règne, d'un air impérieux, car tout ne s'accomplit que par elle, tout dépend d'elle". (Georges Rodenbach).
Au moment où je commence à écrire cet éloge de la main, je vois les miennes qui sollicitent mon esprit, qui l'entraînent. Elles sont là, ces compagnes inlassables, qui, pendant tant d'années, ont fait leur besogne, l'une maintenant en place le papier, l'autre multipliant sur la page blanche ces petits signes pressés, sombres et actifs. Par elles l'homme prend contact avec la dureté de la pensée. Elles dégagent le bloc. Elles lui imposent une forme, un contour et, dans l'écriture même, un style.Elles sont presque des êtres animés. Des servantes ? Peut-être. Mais douées d'un génie énergique et libre, d'une physionomie - visages sans yeux et sans voix, mais qui voient et qui parlent. Certains aveugles acquièrent à la longue une telle finesse de tact qu'ils sont capables de discerner, en les touchant, les figures d'un jeu de cartes, à l'épaisseur infinitésimale de l'image. Mais les voyants eux aussi ont besoin de leurs mains pour voir, pour compléter par le tact et par la prise la perception des apparences. Elles ont leurs aptitudes inscrites dans leur galbe et dans leur dessin: mains déliées expertes à l'analyse, doigts longs et mobiles du raisonneur, mains prophétiques baignées de fluides, mains spirituelles, dont l'inaction même a de la grâce et du trait, mains tendres. La main est action: elle prend, elle crée, et parfois on dirait qu'elle pense. Au repos, ce n'est pas un outil sans âme, abandonné sur la table ou pendant le long du corps: l'habitude, l'instinct et la volonté de l'action méditent en elle, et il ne faut pas un long exercice pour deviner le geste qu'elle va faire.Les grands artistes ont prêté une attention extrême à l'étude des mains. Ils en ont senti la vertu puissante, eux qui, mieux que les autres hommes, vivent par elles...Ces mains toutes seules vivent avec intensité.Quel est ce privilège ? Pourquoi l'organe muet et aveugle nous parle-t-il avec tant de force persuasive ? C'est qu'il est un des plus originaux, un des plus différenciés, comme les formes supérieures de la vie...
Étude de l'oeuvre d'un maître qui a influencé des générations d'artistes.
Hokusai fut d'abord un homme d'école, le camarade et l'émule de ces délicats. Puis, son indépendance géniale lui fit abandonner les systèmes et les disciplines, et tenter toutes les expériences qui sollicitèrent sa libre humeur. Il voulut ne se refuser à rien. Toutes choses prirent place dans l'immensité de son art, égale à l'immensité de l'univers. Il fut enivré par le spectacle de la vie et par la multiplicité des formes. Même dans les périodes de naturalisme intense, l'art japonais n'avait rien connu de pareil. Cette fois, l'expérience esthétique plonge au coeur même de la vie, sans réticence et sans choix. Les hommes et les bêtes, les humbles témoins de l'existence quotidienne, la légende et l'histoire, les solennités mondaines et les métiers, tous les paysages, la mer, la montagne, la forêt, l'orage, les pluies tièdes des printemps solitaires, le vent allègre des coins de rue, la bise sur la campagne rase - tout cela, et le monde des songes, et le monde des monstres -, tel est le domaine d'Hokusai, si l'on peut le limiter à des mots.
(Re)découvrez le texte de Focillon sur Hokusai de 1914 en version intégrale, enrichi d'un nombre conséquent des estampes qui ont révolutionné le monde de l'art tout entier !
EXTRAIT
Cette oeuvre immense et vivante, l'expression la plus complète d'une des deux tendances du génie japonais, a passionné l'Europe. Puis elle a suscité des polémiques. Aujourd'hui encore, elle pose d'importantes questions. D'abord, en dehors des érudits du japonisme, les plus ardents propagateurs de la gloire d'Hokusai en Occident furent des artistes qui, ayant trouvé en lui un modèle et un exemple, le chérirent, non seulement pour le charme rare et supérieur de sa maîtrise, mais pour l'autorité qu'il conférait à leur propre esthétique. Dès avant la révolution de 1868, qui répandit sur l'Europe les trésors de l'Empire, Whistler et son groupe purent le connaître et l'aimer. Octave Mirbeau raconte comment Claude Monet le découvrit en Hollande, dans la boutique d'un épicier qui enveloppait ses paquets dans des estampes d'Hokusai, d'Utamaro, de Korin, et qui fut heureux de s'en débarrasser, car il trouvait ce papier peu solide.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Henri Focillon (1881-1943), prestigieux historien de l'art, directeur du musée des beaux-arts de Lyon, professeur au Collège de France et à l'université de Yale aux États-Unis, représentant de la France à la commission des Lettres et des Arts de la Société des Nations aux côtés de Paul Valéry, engagé auprès du général de Gaulle dès juin 1940 a, pour le moins, une certaine clairvoyance. Au milieu de ses activités de poète, graveur et pédagogue, ce spécialiste de l'art du Moyen-Âge et du cinéma, touche-à-tout de génie, est un théoricien de grande envergure et un commentateur particulièrement avisé de tous les arts de son temps. C'est dire que, quand il rencontre celui du plus grand des Japonais, qui a tout inventé (!), le propos est élogieux. Le texte de Focillon sur Hokusai, paru en 1914, est publié ici en version intégrale, enrichi d'un nombre conséquent des estampes qui allait révolutionner le monde de l'art tout entier.
Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Henri Focillon. Avant d'être le grand critique d'art médiéviste que l'on connaît, Henri Focillon fut aussi un spécialiste des arts asiatiques. Au début de sa carrière, il publia deux essais magistraux où il synthétise sur un ton philosophique et poétique ses travaux de recherche: l'un est consacré au maître de l'estampe japonaise, Hokusaï, et l'autre à l'Art bouddhique. Dans cet ouvrage, l'auteur de La Vie des Formes, à l'époque professeur d'histoire de l'art à l'Université de Lyon et Conservateur des musées de la ville, se plaît notamment à rapprocher l'art du Gandhara de la sculpture médiévale occidentale. Les cinq chapitres qu'il consacre aux origines de l'art bouddhique retracent d'abord la vie légendaire de Bouddha avant de méditer sur la philosophie et l'esthétique du renoncement. Ils examinent ensuite plus en détail l'architecture des sanctuaires et des monastères des régions d'Asie où s'est répandu le Bouddhisme (Chine, Inde, Japon, Birmanie, Tibet,..), ainsi que la sculpture des diverses écoles bouddhistes, comparée à celles de l'Hellenisme, à travers leur panthéon de divinités. Cet essai sur les arts asiatiques et le Bouddhisme intéressera aussi bien les amateurs d'esthétique et d'histoire de l'art que les voyageurs en partance pour l'Asie.
Cette nouvelle monographie consacrée à Raphaël vous permet de découvrir l'artiste dans son environnement historique et géographique. D'Urbino à Florence, de Florence à Rome, Raphaël a mis son talent et sa gloire au service des plus grands. L'édition VisiMuZ est une réalisation originale et innovante, alliant textes, informations pointues, et une iconographie très abondante et judicieusement placée. Elle s'adresse à tous les publics.
Elle se base d'abord sur la biographie écrite par Henri Focillon, célèbre historien de l'art, professeur au collège de France, représentant de la France à la Société des Nations (avec Paul Valéry). Il était considéré par tous comme « un pédagogue hors pair ». Son Raphaël est à la fois érudit, brillant, et jubilatoire.
Sur ces bases solides, VisiMuZ a réalisé un important travail de recherche bibliographique qui a permis de retrouver les tableaux évoqués par l'auteur, la plupart alors cités sans être illustrés, et d'ajouter leur reproduction. À la place des 24 reproductions des éditions antérieures de ce texte historique, cette édition numérique nous a permis d'enrichir la monographie de plus de 140 photos de tableaux, dessins, gravures, insérées dans l'ouvrage au moment précis où l'auteur évoque l'oeuvre dans le texte. Pour chacune, les dimensions, la localisation (musée, collection) sont précisées. Le lecteur voit apparaître les différents tableaux au fur et à mesure de sa lecture, peut les consulter en plein écran, et les agrandir plus encore pour regarder un détail. Cette édition est donc à la fois un livre de la catégorie « Beaux-Arts » et une monographie qui, avec l'équivalent de 345 pages (dont 143 de planches), est une référence pour l'artiste.
En replaçant les tableaux dans la vie du peintre, VisiMuZ permet au lecteur de mieux comprendre son évolution artistique, et rend la lecture plus attrayante et pédagogique. Pour un livre d'art, voici au moins 5 bonnes raisons de préférer un livre numérique au papier :
o disponibilité permanente où que vous soyez, avec un encombrement minimal,
o adaptation de la taille des caractères à la vue de chacun,
o agrandissement des photos pour mise en valeur des détails, et tableaux mis en valeur, encadrés par la tablette,
o création d'une photothèque personnelle avec les photos de l'ebook,
o constitution d'une bibliothèque « Beaux-Arts » pour un budget très raisonnable.
Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Henri Focillon. Dans ce classique d'histoire médiévale, l'auteur de "La Vie des Formes" montre d'abord le sens de l'an mil. Un premier chapitre traite des terreurs de l'époque, en particulier de celles sur la fin du monde, et de leur effet sur la renaissance architecturale qui s'esquisse alors. Un autre décrit la formation de l'Occident, en insistant sur le rôle des villes, de l'Église et du roi Robert le Pieux. Un troisième est consacré à Gerbert d'Aurillac, le savant devenu le pape de l'an mil sous le nom de Sylvestre II. Focillon rappelle à ce propos l'état avancé des sciences et de la culture dans la société de l'époque, au moins dans les classes dirigeantes. Le dernier chapitre brosse un tableau de l'influent Saint-Empire germanique et de la personnalité d'Otton III.
BnF collection ebooks - "Maxime I. Tout est maintenant au point de sa perfection, et l'habile homme au plus haut. Il faut aujourd'hui plus de conditions pour faire un sage, qu'il n'en fallut anciennement pour en faire sept ; et il faut en ce temps-ci plus d'habileté pour traiter avec un seul homme, qu'il n'en falloit autrefois pour traiter avec tout un peuple."BnF collection ebooks a pour vocation de faire découvrir en version numérique des textes classiques essentiels dans leur édition la plus remarquable, des perles méconnues de la littérature ou des auteurs souvent injustement oubliés. Tous les genres y sont représentés : morceaux choisis de la littérature, y compris romans policiers, romans noirs mais aussi livres d'histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou sélections pour la jeunesse.
Anders Zorn (1860-1920) est un peintre fascinant à plus d'un titre. À la fois paysan de Dalécarlie (Suède) et familier des grands de ce monde de part et d'autre de l'Atlantique, peintre adulé de son vivant, peu connu du grand public mais très recherché par les collectionneurs.
Sa peinture comporte essentiellement deux volets : les portraits qui lui ont apporté l'aisance, voire la richesse, mais surtout les nus au naturel, dans la nature ou dans son chalet, qui étaient son plaisir et dans lesquels son talent donne sa pleine mesure.
Nous vous proposons de découvrir cette partie la plus intime de son oeuvre. L'ouvrage comprend d'abord une biographie succincte, pour découvrir l'homme. Il est suivi d'un article de son ami peintre Arvid Nyholm, pour mieux le comprendre comme homme et comme artiste, suivi d'une liste de ses aquarelles et de ses peintures de nus, par ordre chronologique, illustrant son évolution sur trente-cinq ans. Il est complété par un article de l'historien Henri Focillon, qui dépeint le graveur exceptionnel et le replace dans une perspective historique. Cet article est suivi de la liste de ses gravures de nus, également par ordre chronologique.
Cette édition numérique nous a permis d'enrichir la monographie de plus de 150 photos (130 dans la 1re édition en 2017, puis 150 en juillet 2020) de tableaux et estampes insérées dans l'ouvrage. En replaçant les oeuvres au coeur de la vie du peintre, VisiMuZ permet au lecteur de mieux comprendre son évolution artistique, et rend la lecture plus attrayante et pédagogique. Cette édition est donc à la fois un livre de la catégorie « Beaux-Arts » et une monographie de référence pour l'artiste.
Pour un livre d'art, voici au moins 5 bonnes raisons de préférer un livre numérique au papier :
. disponibilité permanente où que vous soyez, avec un encombrement minimal,
. adaptation de la taille des caractères à la vue de chacun,
. agrandissement des photos pour mise en valeur des détails,
. création d'une photothèque personnelle avec les photos de l'ebook,
. constitution d'une bibliothèque « Beaux-Arts » pour un budget très raisonnable.
Ils arrivaient du Nord et de l'Est, recrus de misère, ivres de douleur, ayant encore vivantes au cerveau des visions d'épouvante et d'horreur comme il ne semblait plus possible à des yeux humains d'en contempler.Ils semblaient résignés, terriblement résignés, comme si les cordes étaient cassées, par où s'expriment la peur, la colère et la révolte.J'ai appris depuis tout ce qui se cachait, sous cette résignation, de force latente et de courage.Fruit d'une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.