Ce n'est pas ce que tu n'as pas dit, mais la manière dont tu t'es tu est né d'une réflexion sur les difficultés de communication. Exploration poétique des mille et une manières de se dire, de construire des ponts sur le monde, de tisser des liens avec l'autre. Y sont tour à tour disséqués : l'appréhension de la vie au présent ; le retour aux sources, les racines ; des tentatives de définition de l'amour ; des tentatives de réconciliation entre le paraître et l'être ; l'empathie et l'écoute bienveillante ; les idées qu'on se fait et dont on veut se défaire, pour choisir au milieu de ce chaos qui n'est qu'une réalité parmi tant d'autres, celle dans laquelle on veut s'engager pour un bout de chemin ; et le lâcher-prise.
Dans une langue cadencée qui claque, à la portée de tous bien que richement travaillée, Myriam OH (Ould-Hamouda) déroule ses poèmes comme autant d'histoires, sincères, touchantes, peut-être personnelles (je, tu), mais assurément universelles.
Scènes d'intérieur sans vis-à-vis est une déclaration d'amour tout empreinte de poésie à eux, les invisibles, les inaudibles, les refoulés de la vie et les ignorés du monde. C'est une déclaration d'amour aussi à la langue, aux mots tout simples et aux expressions toutes faites, dont Myriam OH (Ould-Hamouda) se joue pour mieux déjouer la banalité d'un monde sans pitié, et lui insuffler du rythme, du sens, de l'esprit et du coeur. Ici, pas de faux-semblant, la poésie de Myriam OH ne prend pas de gants pour dépeindre la vie des gens. On est en plein dedans, et on aime, forcément.
Contributeurs et contributions :
Alban Kacher // 37.12. 22.85 (p. 88)
Alexandre Nicolas // Poésies (p. 112)
Denis Moreau // Nul autre qu'Alphyre (p. 42)
Dominique Touri // Edgard (p. 76)
Dorothée Coll // Poésies (p. 58)
Julien Boutreux // Peut-être (p. 60) + Anagrammes (p. 128)
Myriam OH (Ould-Hamouda)
// Si tu me cherches, j'explore le chaos (p. 4) + J'arrive (tu peux mettre la table) (p. 68) + Flemme (p. 97) + de nombreux autres poèmes
Romane González // Filles mortes (p. 131)
Thomas Louis // Rôti (p. 30)
Tom Saja // L'Homme qui ne dort plus (p. 20)
Victor Malzac // Cahier de doléances (p. 12)
Yan Kouton // Poésies (p. 31)
Éditeur invité :
Lunatique
Photo de couverture et photos intérieures :
lachaisetriste
Les contributeurs : Alexandre Nicolas, Antonin Crenn, Axel Sourisseau, Dorothée Coll, Gwenn Audic, Jean-Claude Leroy, Myriam OH (Ould-Hamouda), Tom Saja & Yan Kouton
Éditeur à l'honneur : Le Réalgar
Édito : Gwenn Audic, un geste originel
Quand l'art se départit de la culture, quand la création se départit de l'art, on se retrouve avec quelqu'un qui se débat avec la vie comme avec soi, comme avec l'univers.
Gwenn Audic est un être du mouvement, du placement du corps impossible dans l'impossible espace [...] Elle est aussi un poète qui ne mâche pas ses mots ; qu'elle croque ou qu'elle (se) démasque, ses textes sont résolument implacables. L'artiste-peintre se trouve conviée ici, puisqu'elle a dû quitter une certaine danse, pour cause d'accident, et presque par dépit passer à la peinture. Or c'est toujours la même en couleur ou trait pour trait, en son geste de naître à quelque monde irréel qui se fait passer pour le nôtre. Gwenn Audic n'habite pas les murs, elle les subit, lignes droites ou angles lui sont hostiles, pour elle tout doit être rondeur et frisson, absolument vivant ; l'objectivation est son enfer. Elle peint les corps et les arbres, les humeurs et les attaches, bâtissant sans relâche de nouvelles modalités. Le corps résiste au corps, tente toujours la même évasion, ou seulement la rêve à l'envers d'une humiliation. Ce qui retient le corps à la terre ne saurait l'empêcher de se décoller. [...]
Jean-Claude Leroy