Au premier étage du Palais des claques, on tire et on tord les oreilles. Au deuxième, on donne des paires de gifles. Au troisième, on met les enfants au placard. Au quatrième, les petits diables prêtent leurs pouces et leurs ongles à des adultes nostalgiques qui les sucent et rongent avec nervosité. Au cinquième, on dispense la fessée à main nue et on botte le derrière... Au huitième, on pose sur les joues des anges des baisers sonores et mouillés. Ils n'ont pas le droit de s'essuyer... Au douzième, on jette sur la peau nue des fleurs de chardon et on frotte les vauriens avec des herbes coupantes... ! Au quatorzième, on se désaltère à la cafétéria et on admire le panorama sur la capitale. Ainsi l'a décrété le Président bien-aimé, mais a-t-il mesuré toutes les conséquences de son invention ?
Quels sont les fondements du catastrophisme dans lequel nous vivons ? Pascal Bruckner, philosophe et romancier, nous interpelle de façon saisissante en s'interrogeant, dans une réflexion libre, sur Le Fanatisme de l'Apocalypse. Cette formule rend compte du climat actuel de dramatisation et de suspicion lié à certaines dérives écologiques et dévoile le danger du discours apocalyptique né d'un amalgame entre science et superstition. De la « nourriture poison » aux « médicaments tueurs » sans oublier l'écologie culpabilisatrice, Pascal Bruckner examine différents domaines de notre société pour mieux comprendre ses mécanismes. Ses réflexions foisonnantes se cristallisent en une observation lucide de notre temps où règne la propagande par la peur. Un discours optimiste qui propose une alternative à la désespérance en encourageant à parier sur le génie humain, à avoir confiance en la capacité de l'homme à se dépasser. Claude COLOMBINI FRÉMEAUX
"Dans le monde classique, le mariage était un sacrement et l'amour, s'il survenait, une heureuse surprise. Aujourd'hui, c'est l'amour qui est sacré et le mariage n'en est qu'une possibilité parmi d'autres. Il a été concurrencé, en Europe du moins, par d'autres formes d'union ou de contrat. Le mariage d'inclination était supposé répondre aux défauts du mariage de raison : lieu de l'oppression de la femme par l'homme, vile entreprise commerciale, étouffoir pour les deux sexes. Mais le conte de fées ne se passe pas exactement comme nous l'avions cru : depuis les années 70, le sentiment, triomphant, ronge l'institution de l'intérieur et la délégitime. Explosion des divorces, multiplication des solitaires, choix du célibat : la passion amoureuse, dans son élan, va t'elle détruire le mariage ou du moins le relativiser ? Sera-t-il bientôt réservé à une élite de happy few qui persisteront à s'unir officiellement quand la majorité batifolera au gré de ses passades et de ses virevoltes ?" Pascal BRUCKNER
Dans la tradition historique des auteurs lisant leurs oeuvres, Gustave Flaubert dans son « gueuloir », Albert Camus interprétant L'Étranger ou Marcel Pagnol incarnant La Gloire de mon père, Pascal Bruckner nous offre une lecture sensible de son essai, qui contribue à mieux comprendre sa pensée. Claude COLOMBINI FRÉMEAUX
L'occident est-il coupable ? Le philosophe et romancier Pascal Bruckner s'interroge, dans une perspective historique, sur le sentiment de mauvaise conscience en Europe. Il nous propose une généalogie à la fois saisissante et libératrice du mythe de l'infamie de l'homme blanc. Depuis le Tiers-Mondisme du XXe siècle jusqu'à la critique anticoloniale dans les banlieues du XXIe siècle, ce mythe a érigé l'autoflagellation comme horizon indépassable de la pensée occidentale. Il faut pourtant savoir reconnaître nos réussites intellectuelles et politiques, et opposer les droits de l'homme à l'obscurantisme religieux. Tels sont les objectifs de Pascal Bruckner, qui nous prouve une nouvelle fois que, contrairement au mot de Sartre, l'Europe n'est pas « foutue ». Claude COLOMBINI FRÉMEAUX
« Comment l'amour, qui attache, peut-il s'accommoder de la liberté, qui sépare ? » Entre désenchantement et idéalisation, l'amour se tient toujours au centre de notre recherche du bonheur. Car si le mariage est une des plus vieilles institutions, le mariage d'amour est lui une invention de la modernité. Libération sexuelle, transformation de la famille, mutations des codes et des rôles nous laissent souvent désemparés. L'impératif du bonheur amoureux, livré sans mode d'emploi, pèse sur chacune de nos relations comme une nouvelle tyrannie bien difficile à satisfaire. Pascal Bruckner décode pour nous les mécanismes de la séduction et du désir, la place du « je t'aime » et les différentes facettes de l'amour libre. Avec subtilité et justesse, il nous expose les défis que cette nouvelle donne amoureuse impose aux couples contemporains. Claude COLOMBINI FRÉMEAUX
Philosophe et romancier, Pascal Bruckner a la volonté de transmettre le sens de ses écrits incarnés par sa voix, il collabore donc pour la seconde fois avec Frémeaux & Associés. Dans la lignée de sa lecture de La Crise du mariage d'amour, il expose et développe ici, à la manière d'une conférence, les idées structurantes de son Essai sur le devoir de bonheur. À travers une perspective à la fois historique et philosophique, il s'interroge sur les méandres du bonheur dans ses interactions multiples avec, entre autres, la souffrance, la religion, la mort et la beauté. Du culte de la souffrance au Moyen Âge à la conception contemporaine du bonheur obligatoire, Pascal Bruckner met en avant les paradoxes intemporels de l'injonction au bonheur dans ses diverses formes. Un exposé limpide et profond aux résonances variées, comme une invitation pour l'auditeur à une réflexion prolongée sur son rapport à l'existence. Claude COLOMBINI FRÉMEAUX
« Une certaine désillusion accompagne à l'Est comme à l'Ouest l'effondrement de l'ordre totalitaire et le progrès des libertés dans le monde. J'ai nommé ce phénomène la mélancolie démocratique et celle-ci constitue bien la tonalité dominante de notre temps. Le sentiment d'avoir perdu ses repères avec la disparition de l'adversaire soviétique, de se retrouver sans ennemis déclarés et donc face à soi-même, d'avoir remporté une victoire paradoxale qui laisse derrière elle autant de problèmes qu'elle en résout, tels sont quelques-unes des causes de ce désenchantement post-totalitaire qui se traduit chez nous par un renforcement de l'apathie civique et de la résignation. Pour éviter que cette dépression ne mette en péril le renouveau libéral, il convient de se montrer critique vis-à-vis du triomphe de nos propres idées. Il convient surtout de pratiquer un scepticisme actif qui, sans nourrir d'espoirs excessifs sur la perfectibilité humaine, travaille dès maintenant à réaliser les promesses des Lumières : le refus de la servitude, l'élargissement des droits et des libertés, la civilisation progressive de l'humanité entière. Si elles ne veulent pas se repentir d'avoir vaincu, les démocraties sont condamnées à se faire militantes et conquérantes : au Nord comme au Sud. » Pascal Bruckner
« À en croire la rumeur, un combat titanesque opposerait actuellement deux camps, aussi allergiques l'un à l'autre que le capitalisme au communisme : le camp nationaliste et xénophobe, attaché à son patrimoine comme Harpagon à sa cassette, et le camp cosmopolite, affamé d'autrui, curieux de tout, pressé d'échanger l'étroitesse nationale pour un vêtement plus ample. Les uns barricadés dans leur francité (ou leur germanité) sentiraient la rancoeur, la province ou l'hospice, les autres porteraient sur eux l'auréole des grands espaces, de la jeunesse et de l'espoir. L'alternative existe sans nul doute mais devons-nous l'accepter de façon aussi tranchée et simpliste ? Ne faut-il pas au contraire penser ensemble l'enracinement et l'universel comme se fécondant l'un par l'autre ? » P. B.
L'amnistie est une mesure exceptionnelle qui, en effaçant le caractère punissable de certains faits, veut contribuer à apaiser une société en crise ou à restaurer l'unité d'une société déchirée. Quels sont les contours juridiques et les enjeux sociétaux de l'amnistie ? En quoi celle-ci est-elle un acte politique ? Est-elle une forme de pardon ? Implique-t-elle l'oubli ? Toutes les amnisties se ressemblent-elles ? Tous les crimes sont-ils amnistiables ? L'amnistie est-elle compatible avec le droit international des droits de l'homme et le droit international pénal ? Quelle place l'amnistie occupe-t-elle dans la justice transitionnelle ?
Le présent ouvrage examine ces questions, et d'autres, dans une perspective nationale et internationale, mais aussi interdisciplinaire (droit, histoire, philosophie, sociologie, criminologie, psychologie, sciences politiques...). Les différentes contributions qu'il contient interrogent le sens et les limites du pardon et la place de la mémoire dans l'oeuvre de justice.
Auteurs
Marc Verdussen, Pascal Bruckner,
Vaira Vike-Freiberga, Stéphane Gacon, Sandrine Lefranc, Antoine Garapon, Antonio Elorza, Jean-François Delangre, Joël Kotek et Olivier Luminet