L'entreprise se découvre depuis peu une vocation sociale. L'épanouissement des salariés, le pouvoir partagé, la survie de la planète deviennent brusquement des objectifs prioritaires. Cette vision angélique du monde du travail correspond-elle à la réalité ? Telle est la question que se pose Philippe d'Iribarne, sociologue réputé et auteur d'un livre-culte « la logique de l'honneur ».Son constat est lucide, donc cruel : le sens du devoir pour beaucoup d'entre nous est malmené par de récentes évolutions, à commencer par une soumission croissante à la fois aux caprices des clients et à ceux des chefs.Si on y ajoute le sentiment de déchéance lié au fait de ne pas avoir d'emploi à la hauteur de ses diplômes et la diffusion rapide d'un management dit moderne -en fait copié servilement des méthodes américaines- on mesure le décalage qui s'installe entre les actes et les (beaux) discours.
Un livre de référence sur une révolution aussi redoutable qu'invisible.
Philippe d'Iribarne, X-Mines, directeur de recherche au CNRS, mène des travaux pionniers sur les entreprises françaises, dans leur singularité à l'échelle du monde. Auteur d'une vingtaine d'ouvrages, il est traduit en dix langues.
La logique de l'honneur
Chaque pays a ses traditions, sa manière de définir les droits et devoirs de chacun, sa façon de commander, d'obéir, de coopérer et de s'affronter. Notre culte sourcilleux de l'honneur, nos distinguos infinis entre le noble et le vil nous font vivre dans un univers bien différent de celui où s'affrontent, outre-Atlantique, l'avidité du gain et la passion de l'honnête, ou encore des prudentes démarches qui conduisent les Néerlandais à accorder leurs volontés. À discerner les ressorts de chaque culture, on découvre ce qu'y ont de spécifique les moteurs de l'efficacité.
Un classique de la sociologie et du management.
Philippe d'Iribarne
Né en 1937. Polytechnicien, ingénieur des Mines et directeur de recherche au CNRS. Ses travaux portent sur l'enracinement du fonctionnement des entreprises et des économies dans la diversité des institutions et des cultures.
Le concept d'islamophobie est un leurre, une illusion, une intoxication ! Il complique ce qui est simple, il obscurcit ce qui est clair. Il entretient le ressentiment au lieu de favoriser la concorde. Il pousse à la sécession au lieu d'encourager le rassemblement. Pour rendre meilleur les rapports entre l'Occident et le monde de l'islam, il faut échapper à cette manipulation et cultiver un regard de vérité.
Une telle clarification n'aiderait-elle pas le monde musulman à s'interroger sur lui-même ?En faisant croire aux musulmans qu'ils sont des victimes systématiques, ne les prive-t-on pas de leur sentiment de responsabilité ?
Pour la première fois, Philippe d'Iribarne apporte un éclairage et des réponses concrètes.
Philippe d'Iribarne est directeur de recherche au CNRS. Depuis son ouvrage majeur, La Logique de l'honneur (Le Seuil, 1989), Philippe d'Iribarne s'intéresse particulièrement au lien entre les religions et la modernité. Il est traduit en dix langues, dont l'arabe et le turc.
La couleur des idées
La France est un pays étrange, dont certaines bizarreries étonnent toujours l'Europe et le monde. Il est sans doute peu de nations où l'on célèbre autant la raison, les idées générales, l'universel, l'ouverture au monde, tout ce qui est grand, neuf, généreux. Et pourtant la France n'a rien à envier à personne en ce qui concerne la défense des particularismes, des statuts, des terroirs, des situations acquises. On y brocarde volontiers les puissants - mais l'on y attend toujours le grand homme... Quelle cohérence dans tout cela ? S'agit-il d'héritages singuliers propres à chaque domaine de la vie sociale, ou de quelque chose de plus vaste, d'une conception de la vie en société - d'une culture - qui marquent tous les aspects de l'existence ? Philippe d'Iribarne a réuni, dans cet essai global, sa grande connaissance des spécificités et des différences françaises par rapport aux Américains, aux Allemands, aux Anglais, à d'autres Européens... La comparaison met en lumière avec précision ce que la France, éprise de " grandeur ", a de vraiment singulier, la conception de l'homme et de la société qui est coeur de sa culture et ce qui en découle pour la vie économique et sociale, l'appréhension du marché du travail et du chômage, le sens de la hiérarchie, l'enseignement, l'accueil et l'insertion des immigrés. Même si des réformes sont nécessaires, ce " modèle social français ", très lointainement et très profondément enraciné, n'est pas sans atout, et il serait déraisonnable de le jeter sans plus aux orties de la mondialisation.
'Confrontés à la modernité, les chrétiens sont déstabilisés. Que valent leurs dogmes à la lumière de la raison? Et l'avènement d'une humanité réconciliée avec elle-même, au-delà des frontières des cultures et des religions, n'exige-t-il pas qu'ils se rallient à un monde postreligieux, fusionnant tout message singulier dans une spiritualité universelle?
Mais, à son tour, le rêve moderne est en crise, entre les effets destructeurs de la mondialisation libérale, la hantise du terrorisme islamiste, la perte de confiance dans les responsables politiques et la montée des populismes. Le projet d'émancipation porté par les Lumières, dont on attendait tant, a dégénéré en fantasme de toute-puissance. On a oublié que la manière dont chacun habite la condition humaine marque de son empreinte la vie de la cité. Le projet démocratique n'en a pas fini avec la spécificité chrétienne, et non plus le désir, tant bafoué de nos jours, de respecter la dignité
des pauvres.
Une identité chrétienne est à reconstruire, aussi attentive aux apports de la modernité, dans sa quête de vérité, que sans illusions sur ses ombres. Et une identité de moderne qui accepte la finitude reste à construire elle aussi.'
Philippe d'Iribarne.
Pourquoi les espoirs, toujours renaissants, de voir enfin la démocratie s'épanouir dans un pays musulman sont-ils sans cesse déçus? Pourquoi le pluralisme des opinions, le respect des minorités, la libre critique font-ils autant question en terre d'islam? Au-delà des accidents de l'histoire et du jeu des forces politiques, tout un rapport au monde est en cause, marqué par la fascination pour la certitude, le désir d'obtenir une unité qui sans cesse se dérobe, la crainte de la division.
Le Coran évoque à tout moment les preuves incontestables face auxquelles il n'est de choix qu'entre la soumission des croyants unanimes et le refus haineux d'infidèles honnis de Dieu. La philosophie islamique célèbre une certitude reçue d'en haut et le règne d'un bon pouvoir, loin des débats obscurs de l'agora. Le droit islamique est en quête de sources inspirées dont Dieu serait le garant.
Dans un tel univers, comment les doutes, les divisions, les tâtonnements d'une démocratie pluraliste pourraient-ils prendre sens? Comment sortir du rêve d'un pouvoir du peuple uni dans la magie du consensus? Comment ne pas rejeter ceux qui sèment le doute?
Explorer dans ses profondeurs l'univers mental de l'islam renouvelle le regard sur les impasses d'aujourd'hui et permet de mieux percevoir à quelles conditions le monde musulman pourrait se réconcilier avec la démocratie.
À partir d'enquêtes poussées sur le cas de Lafarge – implantée (entre autres) aux États-Unis, en Chine, en Jordanie et en Malaisie –, Philippe d'Iribarne décrit par le menu, de la Chine au monde arabe et aux États-Unis, une pluralité de cultures. Comment y faire partager (et le faut-il ?) les valeurs universelles d'une grande multinationale – valeurs qui ne sont pas l'apanage de l'Occident. On quitte ici les grands débats sur la démocratie et le respect des droits de l'homme. De manière plus terre-à-terre, mais non moins pressante, il s'agit des relations humaines concrètes à vivre tous les jours dans les filiales des entreprises mondiales. Celles-ci aimeraient tout naturellement répandre la conception du management : formes de l'autorité, coopération, gestion des conflits, devoir professionnel... qui prévaut dans la maison-mère. Mais ce faisant, elles se trouvent directement confrontées à la diversité des conceptions locales. Comment s'expriment ces différences ? Que fait chacun pour surmonter les difficultés ? Des enquêtes de terrain précises et des analyses plus théoriques et très fines prolongent avec originalité la longue recherche de Philippe d'Iribarne sur les rapports entre l'universel et le particulier.
En France, la Révolution a voulu instaurer un corps politique formé de citoyens égaux, avec le risque, qu'on lui a assez reproché, d'inventer une abstraction. En effet, dans les relations quotidiennes, la vie de travail, les rapports de voisinage, le corps social est marqué par une attention aiguë à ce que chacun " est ", et en particulier à ses origines. La France où les immigrés et leurs descendants ont à trouver leur place n'a donc pas l'unité et la beauté d'une épure. Leur insertion dans la société où ils arrivent est régie par d'autres lois que leur intégration au corps politique. L'abandon de l'ancien idéal d'" assimilation ", les exigences nouvelles des employeurs en matière de " comportement ", l'image que les Français se font de l'islam ont ouvert une faille entre deux formes d'appartenance. Une société résolument multiculturelle serait-elle la solution ? Ou relève-t-elle d'une utopie qui ne veut pas voir les contingences de ce bas monde ? Réflexion faite, après avoir entendu tous les arguments, Philippe d'Iribarne estime que l'idéal républicain reste le fondement nécessaire d'un monde où ceux qui sont venus de loin seront réellement reconnus comme des semblables.
Philippe d'Iribarne, directeur de recherches au CNRS, est l'auteur notamment de La Logique de l'honneur (Seuil, 1989), Cultures et Mondialisation (en collaboration, Seuil, 1998), L'Étrangeté française (Seuil, 2006), Penser la diversité du monde (Seuil, 2008) et L'Épreuve des différences (Seuil, 2009).
Introduction
L’islam divise. L’attaque du 11 septembre 2001 contre le World Trade Center a cristallisé des inquiétudes anciennes qui n’ont fait que se renforcer tant la vision des pays musulmans que les média véhiculent jour après jour paraît menaçante. Simultanément ces réactions sont dénoncées comme signe des errances d’une société malade qui, dans une islamophobie délirante, prendrait prétexte de dérives propres à des groupes marginaux de fanatiques pour stigmatiser une grande religion.
Les jugements que suscitent les rapports entre l’islam et la démocratie reflètent cette opposition entre visions antagonistes.
Dans les grands surveys portant sur la place de la démocratie dans le monde, les pays musulmans sont mal placés. Si l’on en croit par exemple « l’indice de démocratie » élaboré par The Economist pour l’année 2011, aucun pays musulman ne peut être qualifié de démocratie à part entière, et deux seulement, le Mali et la Malaisie, rentrent dans la catégorie des « démocraties imparfaites ». Corrélativement, on voit affirmer que, si « la démocratie est le seul modèle de gouvernement attrayant et légitime dans l’ensemble du monde d’aujourd’hui », c’est à l’exception de « cette vaste partie du monde, de l’Indonésie à l’Afrique de l’Ouest où l’islam est une religion dominante ». Les lendemains incertains du « printemps arabe », l’étouffement progressif des libertés en Turquie, naguère donnée en exemple de démocratie islamique, alimentent chez beaucoup le sentiment d’une incompatibilité radicale.
Mais d’autres voix proclament que si, de nos jours, les pays où l’islam prédomine ont des rapports problématiques avec la démocratie, c’est une pure affaire de circonstances sans que l’on ne puisse rien inférer de cette convergence. Pour les tenants de cette thèse, seule une vue superficielle, alimentée par un « essentialisme » naïf, permettrait d’associer l’islam à ce qui n’est que le fruit d’une série de situations historiques propres à chacun des pays concernés ; qu’il faut considérer l’action de forces sociales, des enjeux de pouvoir, des frustrations identitaires ; qu’en tout cas, si l’on veut vraiment faire des rapprochements, il faut mettre en avant les soubresauts de l’histoire, l’héritage de la période coloniale, la complicité de l’Occident avec des régimes répressifs et corrompus ou encore un simple manque d’expérience démocratique.
Demeure malgré tout le fait que, dans leurs rapports avec la démocratie, les pays musulmans ont un air de famille qu’il paraît bien osé d’attribuer sans examen au seul hasard. Comment comprendre ce qui les rapproche ? Au milieu des passions, la tâche est délicate, entre d’un côté le risque d’exagérer les ressemblances entre des pays si différents à bien des égards et de l’autre celui de minorer, voire de nier ces ressemblances. Nous verrons que, pour progresser, il faut distinguer deux dimensions de la démocratie : d’un côté, la souveraineté du peuple qui exerce le pouvoir de façon collective ; et, de l’autre, le droit de chacun à choisir librement ses convictions, la place donnée à l’affrontement des opinions divergentes, le respect des minorités. De nos jours, l’Occident tend à considérer ces deux dimensions comme inséparables. Mais elles ne font pas bon ménage dans les pays musulmans. D’un côté, spécialement dans ceux qui ont connu de forts mouvements démocratiques (la Turquie, l’Egypte, la Tunisie), la volonté du peuple de prendre le pouvoir, le rejet des tyrans, sont fort vivaces. Mais il n’en est pas de même pour les droits de l’homme, le respect des minorités, la liberté de la presse ou le statut de l’opposition.
L’impression d’incohérence produite par ce contraste s’efface si, cherchant en quoi l’islam est concerné, on se tourne vers son cœur : le message transmis par le Prophète. Le Coran célèbre sans trêve une communauté unie par une certitude qu’apportent des preuves incontestables. Cette référence à la certitude a marqué profondément l’univers mental des musulmans au long de l’histoire. Elle est à l’œuvre dans la philosophie islamique. On la retrouve jusque dans des domaines de la vie sociale les plus sécularisés, tel le rapport à la science. Favorable à l’avènement d’un pouvoir du peuple en corps, une telle vision ne l’est guère au pluralisme et au débat.
L’acculturation de l’islam en Occident est rendue difficile par cet écart entre des visions si différentes de la démocratie. Dans les pays occidentaux, et spécialement en France, l’opinion attend des musulmans qui y ont pris racine qu’ils manifestent sans équivoque leur allégeance envers la conception occidentale des droits de l’individu accompagnée de leur rejet de ce qui, au sein de l’islam, refuse ces droits. L’impression prévaut chez beaucoup qu’une fraction importante, et peut-être croissante, des musulmans refuse de s’engager dans ce chemin ; que, dans un rapport aux libertés démocratiques strictement instrumental, cette fraction met ces libertés en avant pour tenter d’obtenir, à coup de décisions de justice, un droit à agir à sa guise qu’elle refuserait, si elle était au pouvoir, à ceux qui ne partagent pas ses vues. Ce sentiment alimente un rejet croissant de l’islam et des musulmans. Et si d’autres, la grande majorité des musulmans sans doute, prennent leur distance par rapport à un islam ennemi des libertés et acceptent le monde occidental avec ses valeurs et ses limites, ils se montrent infiniment moins démonstratifs que les tenants d’un islam de combat.
Les pays industrialisés, qu'ils soient de l'Est comme de l'Ouest, donnent au gaspillage des formes étrangement semblables. Il est donc trop facile d'accuser les producteurs et le soit-disant tout puissant matraquage publicitaire des vendeurs de rêve. En réalité, le responsable n'est pas un régime politique et économique, mais une société qui polarise notre désir sur le travail et les objets et nous contraint à jeter nos forces dans une compétition d'un « toujours plus » ou d'un « meilleur » illusoire. Or, déjà, les mentalités changent : une nourriture ou un vêtement simple, une voiture de faible puissance ne sont plus le signe de l'échec social. Un autre mode de vie est en train de naître pour ceux qui préfèrent la vie aux objets. Les beaux jours de la civilisation du gaspillage sont comptés.
Le chômage de cette fin de siècle déjoue autant la sagacité des économistes que celle des gouvernants. Pourquoi, dans une économie si largement mondialisée, les divers pays connaissent-ils des niveaux et des formes de chômage si divers?
La mondialisation efface-t-elle les différences entre les peuples ? Les cultures sont-elles également compatibles avec la démocratie ? Pour comprendre la Chine d'aujourd'hui, faut-il revenir à l'idée d'une Chine éternelle ? Les sciences sociales peinent devant ce type de questions. Philippe d'Iribarne propose ici une voie de réponse. Dans chaque société, le regard porté sur l'existence est durablement structuré par la présence d'un péril craint entre tous : aux Etats-Unis, perdre le contrôle de son destin, en France en être réduit à plier, par peur ou par intérêt, devant qui peut vous nuire ou vous prodiguer ses faveurs, en Inde se rendre impur, à Bali être livré au chaos engendré par la résurgence d'émotions habituellement bien contenues, au Cameroun être victime de ce que trame dans l'ombre celui qui vous fait bonne figure... Le souci de conjurer ce péril nourrit la façon dont les individus, révolutionnaires ou défenseurs des traditions, orientent leur action et conçoivent les institutions qu'ils se donnent. Il s'agit là d'un rouage essentiel, jusqu'ici non identifié, du fonctionnement des sociétés. En prendre conscience renouvelle notre regard sur la modernité, transforme notre compréhension du vivre ensemble et ouvre un nouveau chapitre dans l'histoire des sciences sociales.
Philippe d'Iribarne observe et pense depuis des années la diversité des manières de s'organiser pour vivre et travailler ensemble. Il est l'auteur notamment de La Logique de l'honneur (Seuil, 1989), Cultures et Mondialisation (en collaboration, Seuil, 1998) et L'Étrangeté française (Seuil, 2006)
Le bonheur relève-t-il de la politique ? N'est-il pas au contraire essentiellement une aventure personnelle ? Et pourtant, la mission ultime de l'homme d'État n'est-elle pas de servir le bonheur de ses concitoyens ? Un temps la priorité donnée à l'augmentation du niveau de vie a paru résoudre cette contradiction. Quand l'État assure une forte croissance, ne permet-il pas à chaque citoyen d'augmenter sa liberté, en multipliant ses ressources, et donc de mieux trouver le bonheur qu'il s'est choisi ? Mais, beaucoup de jeunes, et de moins jeunes, ont une conscience de plus en plus vive que cette liberté n'est qu'illusion. La course à la consommation, loin de satisfaire les besoins, les exacerbe. Nous menons. une vie tendue, haletante et absurde. Comment expliquer que, maudissant cette société, nous en soyons les artisans en même temps que les esclaves ? Il ne peut guère en être autrement quand la consommation n'est pas seulement le moyen de satisfaire les besoins du corps, mais quand elle conditionne aussi les relations personnelles et sociales et s'offre à compenser les frustrations de l'existence. Comment conquérir la liberté de remettre les objets à leur place pour permettre à la quête du bonheur de s'orienter dans des directions où elle peut avoir un sens ? Notre société doit construire un projet politique à la mesure de ses problèmes.
Dans notre histoire, la nation a longtemps constitué un facteur décisif d'émancipation face aux empires et au pouvoir de l'Église universelle, avant d'être désignée comme coupable de toutes les guerres modernes. Cette dialectique simpliste est aujourd'hui battue en brèche, tandis que les nations européennes se trouvent plongées dans l'impasse d'un monde post-politique qui a prétendu faire triompher la paix et les Droits de l'homme grâce au dépassement de la nation. S'exprime désormais le besoin de penser à nouveaux frais la question de la souveraineté et de la cohérence des communautés politiques, spécialement quand les enjeux liés à l'immigration et au multiculturalisme mettent en évidence la nécessité de retrouver une substance commune.Cet essai engagé présente la nation comme une ressource d'avenir pour répondre à ces défis et défend la thèse que son renouvellement comme cadre politique émancipateur, dans une approche confédérale et non fédéraliste de l'Union européenne, peut fournir les clés qui permettront aux nations européennes de traverser les bouleversements du monde pour rester dans l'Histoire.
Professeur de philosophie politique, spécialiste d'histoire des religions et de théologie politique, le chercheur et universitaire Bernard Bourdin a notamment conduit de nombreux travaux sur les relations entre politique et religion et sur le lien entre nation et souveraineté.Directeur de recherche au CNRS, économiste et anthropologue, Philippe d'Iribarne est l'auteur de nombreux ouvrages touchant aux défis contemporains liés à la mondialisation et à la modernité (multiculturalisme, diversité du monde, immigration, etc.).
Le projet moderne de refondation de la société hante notre existence dhomme et de citoyen. Dans lunivers du travail comme dans les débats sur la construction européenne et limmigration, ou sagissant du regard que nous portons sur les pauvres, notre horizon demeure lav¿nement dune humanité régénérée par la raison, libérée des préjugés ancestraux et du poids des cultures. Mais jusqu¿ quel point le projet moderne reste-t-il un rep¿re pour lhumanité ? Nest-il pas gagné parfois par la démesure dont les Grecs pensaient quelle attire le châtiment des dieux ? Le projet moderne comporte un envers, une face sombre quil sagit dexplorer. Dans ces entretiens avec Julien Charnay, Philippe dIribarne offre une profonde réflexion sur nos difficultés ¿ penser les hommes comme des ¿tres de chair, soumis aux contingences du monde, irréductibles les uns aux autres. Lauteur revient sur son itinéraire intellectuel et la gen¿se de ses travaux visant ¿ déconstruire tout ce qui se présente comme ¿ moderne ¿, ¿ lappui de sa théorie de la culture qui nous éclaire sur la permanence, au fil des si¿cles, de mythes, de peurs et de désirs de salut largement inconscients au sein de chaque pays. Un livre qui fera date, fruit de trente années de recherches menées aux quatre coins du globe, des États-Unis ¿ la Chine en passant évidemment par la France, dont l¿ étrangeté ¿ ne cesse de nous interroger.
Les managers internationaux sont sans cesse frappés par des réactions inattendues de leurs interlocuteurs locaux. Ces derniers ne sont pas moins perplexes. Chacun se doute qu'il est en présence de logiques qui lui sont étrangères, associées à des cultures qu'il peine à déchiffrer. Mais ce dont il s'agit leur paraît souvent bien opaque.
Ce livre permet de passer de ce sentiment vague à une compréhension précise de ce que sont ces cultures et de la manière dont elles interviennent dans les multiples aspects de la vie d'une organisation. Diriger une équipe, gérer des clients, décider, apaiser les rapports sociaux, communiquer entre locuteurs de langues différentes ou mettre en oeuvre une démarche éthique porte partout la marque du contexte culturel.
Cet ouvrage s'appuie sur un ensemble de recherches menées depuis quarante ans dans une cinquantaine de pays et territoires appartenant aux cinq continents, en partenariat avec de multiples entreprises. Chaque cas, qu'il analyse des malentendus destructeurs ou des coopérations fécondes, est riche d'enseignements. L'ensemble montre ce que peut apporter une prise en compte créative des potentialités de chaque culture qui ne se résume pas à des conduites stéréotypées mais relève d'un univers de sens plein de ressources.
Les cinq auteurs coopèrent étroitement au sein du groupe de recherche Gestion &?Société fondé au début des années 1980 par Philippe d'Iribarne que Jean-Pierre Segal, Sylvie Chevrier, Alain Henry et Geneviève Tréguer-Felten ont bientôt rejoint. Ils ont publié de nombreux articles et ouvrages depuis La logique de l'honneur (1989).
La version anglaise de cet ouvrage a obtenu le prix 2020 du meilleur livre européen de management décerné par l'European Academy of Management (EURAM).