Il a élaboré en quarante ans une oeuvre considérable dont une centaine de films, certains difficiles à voir, d'autres invisibles. Une oeuvre irritante et fascinante qui comporte des réussites magistrales qui justifient de placer son auteur au rang des quelques cinéastes qui comptent dans l'histoire de l'art du cinéma. Voici un parcours zigzaguant à travers cette oeuvre allant des films des années 60 aux plus récentes créations.
L'image ne constitue pas seulement un objet de pensée chez Benjamin, mais vaut comme élément dans lequel se déploie sa pensée, à l'instar de la fulguration visuelle dans laquelle se donne l'image dialectique. Les textes ici réunis articulent les dimensions esthétique et politique de l'image, dans les champs du cinéma, de la photographie, ou encore de l'architecture, comme une manière d'interroger les ressources spécifiques des images techniques.
L'ouvrage est ainsi une approche par la voie musicale d'un univers qui s'avère être un véritable entrelacs des arts. Il est aussi fondé sur le constat que la poésie chinoise en révèle des aspects essentiels à une compréhension fine de la pensée musicale et du geste artistique. Dès lors, un tiers d'illustrations et un tiers de texte théorique et technique, trame tissée d'explicitations directes et brodée d'évocations métaphoriques dans une divulgation sans épuisement du sens, ont paru un dosage à la fois naturel et propice à la vulgarisation.
Objet culturel indéniable, le jeu vidéo n'a pas atteint la dignité artistique des autres arts et médias : on lui reproche d'être ludique, technologique et commercial. Mais sont-ce bien là des défauts fatals ? Ne s'agit-il pas plutôt de nouvelles ressources pour créer des oeuvres en forgeant de riches imaginaires ? Objet numérique, le jeu vidéo se conçoit au moyen d'outils technologiques nombreux, assistant autant que formatant les types de pensée et d'écriture offerts à son créateur. Appareil interactif, il réinvente le rôle du spect-acteur plongé au coeur du processus de création et du déploiement de l'oeuvre. Elément majeur d'une culture transmédiatique, il s'abreuve à diverses sources artistiques.Ce sont là les principaux lieux de la question que ce livre tente d'éclairer. Si le jeu vidéo est un art, comment rendre compte de ses spécifi cités créatrices ?
Ces trois essais écrits par l'historien et théoricien de l'art Alois Riegl entre 1900 et 1901 démontrent la puissance de son analyse formelle. Il parvient magistralement à décrire et rendre compréhensibles aussi bien les productions mineures que les chefs-d'oeuvre de l'art et à établir une logique historique à partir de ce qui semble y échapper, comme les oeuvres novatrices, isolées, retardatrices ou anachroniques. Cette édition bilingue permet de saisir au plus près le style et les concepts riegliens.
Depuis le début du XIXe et surtout au XXe siècle, les échanges musicaux entre la France et le Brésil ont connu un développement ponctué par des coups de coeur : des compositeurs, des styles, des rythmes ont laissé des empreintes profondes de part et d'autre. Les auteurs explorent les composantes de la "brésilité" et de l'ouverture au monde de l'autre côté de l'Atlantique à l'aune des influences et confluences réciproques et sous plusieurs angles : historiques, éducatifs, cognitifs.
Plus de cinquante ans après sa sortie, Blowup reste un film dont l'audience et le pouvoir de fascination l'emportent sur les autres chefs-d'oeuvre d'Antonioni. Voici une relecture inédite de ce film par une analyse approfondie de son déroulement narratif en rapport avec ses agencements visuels et sonores. Une approche qui permettra de rendre sensible le spectateur à la pluralité de formes et de sens qui en fondent l'essence artistique.
On parle volontiers en danse et en philosophie de construction et de déconstruction : écrire et chorégraphier, c'est en un sens construire. Ce livre a pour ambition de préciser l'idée de construction et de la confronter à l'élaboration concrète de la pensée et de la danse, à travers l'analyse d'expériences singulières, notamment de chorégraphes contemporains. Le philosophe trouve dans la danse"matière à penser" une expérience de la pensée aussi bien familière qu'étrangère étrangement familière.
L'Europe est un terrain d'expériences. L'Europe n'est pas neuve ; seules ses institutions, parlementaires ou administratives sont des inventions récentes. Loin de la recherche d'une identité ou âme européenne, ces chroniques radiophoniques ici rassemblées ont cherché à tisser des références historiques avec l'actualité multiple. Telle est l'Europe des idées : de la matière d'idées sans dessein d'ensemble, de la multiplicité d'idées sans contradictions simples.
Se repérer dans la production artistique contemporaine demande de replacer les changements des formes de la représentation dans l'Histoire et les enjeux qu'elle nous a légués. Les oeuvres en action ont pour effet une mobilisation du spectateur éprouvée dans l'oeuvre d'art totale et sa version populaire, le cirque. Reconnaître que nous sommes passés Du Théâtre au Cirque du monde, c'est inévitablement questionner les conditions d'une échappée possible à cette captivité du spectateur dans les processus de l'action, pour encore se donner les moyens de choisir son camp !
« Comment attirer et séduire le public ? » : telle est la question clé à laquelle a essayé de répondre, dans ses traités, le créateur du théâtre Nô, Zeami (1363 ?- 1443 ?). Sa pensée a laissé l'empreinte dans la postérité de concepts tels que le kata, une forme anonyme et pré-personnelle, ou le ma, l'esthétique du dépouillement, qui constituent les caractéristiques essentielles de la culture japonaise, qui ont imprégné tous ses arts. À l'opposé de la vision occidentale, cette recherche met en lumière celle des arts traditionnels japonais, qui propose une voie pour accéder à un champ plus vaste et plus profond de la conscience.
Éric Vigner, s'il est homme de théâtre, a d'abord une formation de plasticien. Ses oeuvres théâtrales interrogent, à travers la scénographie, la plasticité sous toutes ses formes et plus particulièrement l'espace dans sa relation à la représentation, quand elles ne questionnent pas directement, à travers la mise en scène, l'élaboration de l'oeuvre et le regard sur l'oeuvre. De la plasticité des oeuvres exposées au musée, nous passons à une plasticité événementielle liée au modelage de la parole qu'instaure l'acte de théâtre. Théâtre qui s'invente dans l'espace et le temps de la blancheur muséale.
Haruki Murakami passionne de nombreux lecteurs dans le monde entier. Au-delà des différences de langues et de cultures, on le lit pour le plaisir, sans nécessairement s'interroger sur cette reconnaissance unanime. En Europe, on croit parfois l'expliquer par la psychanalyse, ou bien on convoque des genres (la science-fiction, le fantastique, le réalisme poétique), ou encore on allègue un goût enfantin de la magie. Ces interprétations toutes faites laissent échapper l'originalité d'une oeuvre puissante, constamment renouvelée. Cette oeuvre est une par sa fidélité à sa veine romanesque, et multiple par des histoires et des personnages étranges, banals ou surprenants qui emportent l'adhésion du lecteur. Murakami parvient à installer une vraisemblance défiant la raison, multiplie les paradoxes et joue de l'éclectisme. Cet art du grand romancier, qui paraît spontané, repose sur une architecture audacieuse et maîtrisée. C'est l'enjeu de cet essai que d'essayer d'approcher sa logique, sa densité mythique et, surtout, son exubérance de rythmes et d'intensités.
Comment s'élabore le processus créateur ? Pour le regardeur, si l'oeuvre visuelle conserve son potentiel énigmatique, il en va de même pour les modalités de sa création. Quel parcours, quelles étapes ont conduit l'artiste jusqu'à l'oeuvre qu'il considère comme achevée et qu'il offre alors au regard du public ? Ce que l'on sait au travers de témoignages et de réflexions à ce sujet de la part d'auteurs et d'artistes, c'est qu'entre l'intention du créateur et le résultat obtenu, un cheminement complexe a été suivi. L'oeuvre réalisée, dans une certaine mesure, est autre que l'intention qui l'a engendrée. Que s'est-il passé dans cet entre-deux ? Créer c'est prendre en compte l'apparition, en cours de réalisation, de l'imprévu, de l'accident, du contingent, du hasard. Comment ce surgissement de l'incontrôlé influe-t-il sur l'élaboration de l'oeuvre ? Comment l'artiste réagit-il ? Qu'en fait-il ? Ces quelques textes sur le hasard apportent des éléments de réponse à ces questions, montrant toute la complexité du travail conduisant à l'oeuvre aboutie.
Si l'on considère le vaste champ du design comme un lieu propice aux contestations et aux élaborations d'utopies contradictoires, on peut supposer que ce dernier participe à la définition politique du territoire. Ainsi fait de société, le design implique l'individu au coeur de la relation qu'il entretient avec la collectivité. Le citoyen pris à parti, encouragé à la participation, devient acteur de son environnement.
Aujourd'hui, le designer tente de résoudre l'équation de la construction artificielle raisonnable du monde sans exploitation déraisonnée des ressources naturelles. L'éco-conception veut inventer des relations inédites, positives et tangibles pour l'Homme avec le moins d'effets néfastes pour la nature. Émerge ainsi une nouvelle figure du designer où responsabilité, éthique et créativité sont les ferments de nouveaux paradigmes de conception.
Poursuivant la démarche initiée dans le premier volume (Temps, récit et transmission chez W. Benjamin et P. P. Pasolini), le présent ouvrage s'attache à dégager les voies par lesquelles les deux pôles du dispositif Benjamin/Pasolini peuvent en venir à véritablement consoner. Consacrée à Pier Paolo Pasolini, la réflexion vise ici à établir que s'il n'est sans doute pas possible de parler d'une " philosophie de l'histoire " pasolinienne, en revanche, par bien des dimensions, l'oeuvre du poète/cinéaste/théoricien italien se donne comme une histoire en acte.
Cherchant de véritables passages entre Walter Benjamin et Pier Paolo Pasolini, cet ouvrage fait entrer les deux oeuvres dans un profond rapport de résonance, tout en respectant la singularité de chacune. C'est essentiellement à partir de la question du langage que s'est révélé le nouage le plus profond entre les deux oeuvres, les résonnances les plus marquantes qui se feront ensuite jour, qu'il s'agisse de la question du cinéma, de celle de l'origine, ou encore de l'histoire elle-même.
Les textes proposés ici ouvrent deux grandes questions : celle de la contemporanéité et donc du Présent de l'écriture du philosophe, celle du nouage entre foyer du sens, cinéma et philosophie. Benjamin rappelle que le Présent, à partir duquel doivent s'écrire l'histoire et la connaissance, est dépendant de l'appareil dominant : le cinéma, au XXème siècle, la photographie au XIXème. La seconde question doit être abordée à partir de la pensée de Claude Lefort, qui décrit la démocratie moderne comme ce moment de la désintrication des pôles de la Loi, du Pouvoir et du Savoir.
L'objet de cet ouvrage est de mieux percevoir les mécanismes inhérents à une écriture authentiquement polytonale en offrant au lecteur un panorama exceptionnellement riche d'enseignements et tout à fait inédit de ce procédé compositionnel : terminologie réactualisée, nouvelles approches analytiques, étude des fondements historiques et théoriques et des diverses manifestations de l'écriture polytonale chez des compositeurs aussi différents que peuvent l'être Bach, Liszt, Debussy, Busoni, Ravel...S
Cet ouvrage confronte la philosophie allemande des média et de la communication (Kittler, Krämer) à la philosophie française du psycho-social et de la technique ainsi qu'à la réflexion française sur l'esthétique (Simondon, Lyotard, Rancière...). Une opportunité de prolonger la réflexion sur les appareils par des études sur la vidéo, les arts contemporains, la cybernétique et l'ontologie de Heidegger, le cinéma de Sokourov, la photo (Rancière), l'édition (Descartes), l'architecture (la transparence), la musique (l'invention du concert), le téléphone (Proust).
Ni monographie sur Panofsky, ni essai d'histoire de l'histoire de l'art, cet ouvrage entend dégager les soubassements méthodologiques de l'un des discours majeurs sur l'art : l'iconologie. Ni ultime critique, ni tentative de réhabilitation, il s'agit d'analyser cette branche de l'histoire de l'art qui s'intéresse à la signification et d'interroger comparativement les histoires de l'art de Riegl, de Wölfflin, de Warburg et de Worringer.
Rarement considérée pour elle-même, la camera obscura est annexée à la photographie et au cinéma. Cette thèse l'aborde en tant qu'appareil, se différenciant d'un simple dispositif. Quel est le monde de la camera obscura, comment pose-t-elle le problème de l'articulation entre réel et représentation ? Quelle pensée génère-t-elle, quels concepts implique-t-elle ? Nous avons tenté ici d'en déterminer la spatialité et la temporalité et, plus généralement, de comprendre sa philosophie.
Ce livre offre un parcours stimulant à travers l'oeuvre de Chris marker. De ses premiers écrits, jusqu'à ses récentes expositions, Chris Marker a été et demeure un témoin inquiet, rieur, désemparé et enthousiaste de plus d'un demi siècle d'histoire qu'il a su comme peu d'artistes faire résonner dans son propre "présent".