Les crises se multiplient : environnementale, sanitaire, politique, sociétale/sociale... Comment faire face à ces crises si nous nous acharnons à exalter le modèle économique du « toujours plus » qui tend à les alimenter ? Les signaux sont de plus en plus clairs : la croissance illimitée n'est pas viable à long terme et le progrès technique seul ne sauvera pas la planète. La décroissance dans ses multiples modalités et échelles ouvre la voie à l'imagination et la mise en place d'alternatives à un productivisme exacerbé - de nouveaux regards sur le monde et des manières repensées de l'habiter de façon soutenable, écologiquement et socialement.
Inter 141 invite à aborder la décroissance comme paradigme d'une possible sortie de crise planétaire, voie s'extirpant d'une marchandisation universelle et délétère du monde. Il s'agit d'explorer ici des hypothèses et des expérimentations pouvant faire vivre la décroissance ; des manières d'être et de faire, de nouveaux modes d'organisation, des territoires inédits de mise en oeuvre, de nouvelles qualités à souligner, des trajectoires esthétiques et expérientielles à découvrir et à activer...
Le dossier de cette édition de la revue Inter se penche sur l'art actuel africain, surtout sur l'art performance, mais aussi sur d'autres pratiques en arts visuels, avec des exemples clés tirés de certains pays comme le Cameroun, la République démocratique du Congo et la Tunisie. Le dossier présente quelques jalons historiques, du début des indépendances à nos jours, qui ont marqués l'art actuel en Afrique. Il s'attarde aux influences, traque les tendances, mais surtout montre comment une génération d'artistes s'est distinguée avec une pratique artistique axée sur la revendication identitaire et la contestation sociopolitique. Bien que le mouvement de transgression des règles de l'art ait eu lieu comme ailleurs, l'Afrique s'illustre davantage par sa propension à jouer avec ses propres paradigmes.
Ce printemps, la revue Inter propose un dossier sur les pratiques actuelles du silence, du son et de l'oralité. Pour reprendre la formule consacrée à 4'33" de John Cage, il est espéré que le dossier fera grand bruit et n'entretiendra pas, en tous les cas, un dialogue de sourds à propos des pratiques étudiées. Ce numéro vous convie donc à l'observation de silences, de paroles, de vociférations, de bruits, de vacarmes assourdissants, de sons ultra-inouïs. Ont collaborés à cette édition Magali Babin, Nathalie Côté, Silvio De Gracia, Jacques Donguy, Guillaume Dufour Morin, Julie Faubert, Bartolomé Ferrando, Giovanni Fontana, Philippe Franck, Caroline Gagné, Christophe Havard, Michaël La Chance, Hélène Matte, Barbara Meazzi, Martin Nadeau, Raphaël Ouellet, Mathieu Parent, Benoît Plante, Marianne Simon-Oikawa, Sandro Sproccati et Alexandre St-Onge.
Avec ce numéro, la revue Inter a voulu comprendre la démarche d'artistes qui ont renoncé à l'art. Ils ont voulu jeter un éclairage sur les artistes aux productions absentes ou discrètes, qui ont préféré les milieux parallèles aux officines officielles, qui ont choisi d'oeuvrer dans le quotidien ou qui privilégient l'anonymat. Ils renoncent à se faire une place dans le milieu culturel, pour favoriser une visée spirituelle ou politique, ou encore pour entreprendre une démarche strictement personnelle. Certains artistes ont fait du renoncement une stratégie de résistance. Il n'y aurait que le fiasco qui saurait résister au système. Il n'y aurait que l'anonymat qui rende possible une liberté. Certains renoncent à l'art pour se convertir à l'activisme, alors que d'autres abandonnent le militantisme pour des préoccupations esthétiques. Finalement, il y a aussi les artistes qui ne renoncent pas à l'art, mais dont la vie est marquée par des renoncements importants : la solitude, les enfants, les temps libres, les deuils, la santé, etc. (source : Inter)
Ce printemps, la revue Inter explore « La disparition de l'exception artistique ». « [...] La société d'aujourd'hui peut-elle se passer des innovations et des créations d'individus qui ne seraient pas irréprochables ? Il semble que oui. Il n'y a plus d'exception pour le talent, encore moins pour le génie. Mieux encore, nous assistons à un renversement de l'histoire : les avant-gardes sont dans le passé, nous parlons de certains artistes d'alors en disant qu'ils ne seraient pas possibles aujourd'hui. Il ressort de cette enquête l'importance des individus atypiques dans l'économie symbolique d'une société. [..] » (source : Inter) Chantal Bellavance, Julien Blaine, Louise Boisclair, Nathalie Côté, Silvio De Gracia, Étienne de Laberge, Mildred Durán, Giovanni Fontana, Jean Gagnon, Stvn Girard, Michel Giroud, Michael La Chance, Richard Lefebvre, Les Sabines, Myriam Lortie, Yann Merlin, Hugo Nadeau, Cai Qing, Alain-Martin Richard et Maxime St-Hilaire ont contribué à ce numéro.
Quel rôle joue aujourd'hui la déclaration de positions esthétiques et politiques ? Qu'est devenue la pratique du manifeste au XXIe siècle ? Il s'agit dans le numéro d'automne de la revue Inter d'interroger le manifeste comme forme d'expression qui investit le langage en tant qu'arme de changement, qui n'a pas perdu confiance dans la force d'intervention des mots. Il y a dans le manifeste l'espoir que nous serons entendus, qu'une prise de position saura altérer l'histoire. C'est un texte, une capsule vidéo, un geste public posé par un collectif, un nous qui fait de cette prise de position un moment décisif : dorénavant nous ne pourrons plus dire que..., nous ne pourrons plus prétendre que..., nous ne pourrons pas faire comme si... Le manifeste constitue une charnière entre l'avant et l'après : il signifie une rupture avec le statu quo, l'émergence d'une masse critique ; il nous exhorte à nous mobiliser, constitue un guide pour affronter le changement, en expose le programme. (source : Inter)
Pour son numéro d'hiver, la revue Inter art actuel s'intéresse aux territoires, aux nouveaux, à la réinvention de. Il y est question de ruralité, mais pas au sens pittoresque, d'espaces sauvages et d'innover là où c'est possible, parfois bien loin des grands centres. Village breton, île nordique, petits villages des Laurentides, des Appalaches, Île d'Anticosti, village de France, et jusqu'au Mexique, visitez des lieux où l'art innove, se crée, s'organise et se vit (peut-être) différemment. Excursion dans l'art local comme laboratoire critique revitalisant l'identité et les traditions locales en les revalorisant. Quels rôles jouent et peuvent jouer les pratiques artistiques actuelles dans le projet de réinvention d'une spécificité ouverte des territoires et des terroirs ? Quels nouveaux réseaux et agencements collaboratifs sont activés à cette fin entre culture, agriculture, écologie, économie, recherche scientifique et bien d'autres domaines encore ?
L'édition automnale de la revue Inter, art actuel propose divers points de vue sur la notion d'apocalypse. Cette apocalypse, nous y touchons presque. Force est de constater que notre temps est devenu une course folle aux conséquences funestes. Nous assistons à l'effondrement précipité de nos systèmes de survie. Cette précipitation est aveugle, pourtant, il nous est donné parfois d'apercevoir comment le tout va finir. Ce sont de tels aperçus qu'Inter a rassemblés dans ce dossier, artistes et poètes proposant une scénographie de la fin. D'ailleurs, est-il possible d'envisager le cataclysme, de nous représenter la fin ? Quelles sont les activités artistiques qui prennent acte de l'impossibilité pour l'humain de concevoir son extinction ? Inter veut envisager des scénarios de la fin pour déplacer notre perspective : quitter l'extériorité qui nous tient à distance des autres, afin de modifier nos rapports à nos semblables et peut-être envisager une rénovation potentielle des humains. L'apocalypse, est-ce un scénario ou une cacophonie mortuaire explosive ?
Le visage est-il encore la vérité de la personne, la mise à nu de son être ? Dans ce numéro de la revue Inter, art actuel, nous examinons le statut du visage dans une société de l'image, comment le visage peut devenir un outil de subversion et le canevas d'un nouveau scandale. Le visage est le champ de bataille du vrai et du faux, du réel et du virtuel, de l'ancien et du nouveau. Chaque visage est unique et pourtant la contemplation du visage de l'autre aurait pour effet de révéler notre humanité commune (Lévinas). L'art d'aujourd'hui accorde-t-il un même traitement au visage comme manifestation de notre expérience de vie, de notre singularité et de notre caractère ? Est-ce encore le cas à l'époque de la reconnaissance faciale numérique par les États policiers, ou de l'obligation du masque en situation de pandémie ? (source : Inter)
Cet hiver, Inter revient, 10 ans plus tard, avec un nouveau numéro sur l'art et les biotechnologies. Avec « Technocorps et cybermilieux », la revue livre un nouveau bilan et prend acte des enjeux actuels concernant la possibilité de fabriquer - bientôt industriellement - une vie artificielle, de provoquer une réingénierie du vivant. Les dix dernières années ont vu apparaître de nouvelles formes d'incorporation dans les réseaux, les prothèses et les hybridations. Les altérations de tout genre (psychotropes, implants, prothèses, extensions, etc.) révèlent de nouvelles possibilités physiologiques et mentales. Quelles sont les nouvelles figures du corps à une époque où l'humanité semble confrontée à l'alternative de la mutation ou de l'extinction ? Dans ce dossier, lisez des textes d'ORLAN, de Stelarc, et sur le Télescope intérieur d'Eduardo Kac. Découvrez des créations audacieuses et réfléchissez sur le devenir-cyborg, l'horizontalisation du monde, sur l'Anthropocène et le transinteractif.
Cette publication portant sur l'édition 2012 de la Rencontre internationale d'art performance (RIAP) de Québec relate l'essentiel des sept soirées d'art action et de performances de ce festival. Différents auteurs y commentent et analysent les prestations des artistes provenant de la Colombie, l'Espagne, la Suisse, l'Uruguay et le Vietnam. De plus, cette publication propose une information sur le passage de certains artistes dans d'autres villes québécoises dont Alma, Carleton, Chicoutimi, Rouyn-Noranda, Montréal et Victoriaville. Enfin, cet ouvrage comporte les actes du colloque qui s'est déroulé à Québec les 9 et 16 septembre 2012 dans le cadre du festival, suscitant la réflexion, le dialogue et la communication sur l'état de la situation de l'art action de ces régions du globe.
Quand est-ce que cela commence, une oeuvre? Quand on en a l'idée, l'intuition? Lorsqu'un spectateur pose un oeil sur elle? Quand on lui donne une forme, ne serait-ce qu'embryonnaire? Parfois, on se rend compte qu'il faut aller loin en amont pour trouver le tout premier mot de l'histoire, que l'oeuvre avait en quelque sorte débuté bien avant d'être mise en chantier. Chaque personne le moindrement sensible au processus de création et à ses aléas sait bien qu'avant l'accouchement de l'oeuvre, il y a une gestation, des étapes. Vous verrez dans ce numéro d'Inter autant d'échographies, de croquis, de canevas, de fantasmes, pour la plupart réalisés. Ou peut-être, plus justement: des préliminaires d'oeuvres...
La façon de s'organiser des artistes détermine-t-elle leur façon de faire de l'art, l'impact et l'esthétique de l'oeuvre? Dans le dossier de ce numéro d'hiver, Inter se demande comment s'organisent et se rassemblent les artistes d'ici et d'ailleurs. Collectifs, troupes, réseaux, associations, communes, squats, famille circassiennes de forains, structures formelles : quelles sont leurs modalités de regroupement? Comment gèrent-ils leurs productions singulières au sein de ces organisations, dans des disciplines variées? Les organisations internationales sont particulièrement à l'honneur, avec divers exemples tirés de la France, l'Italie, l'Espagne, la Belgique, le Pérou, le Brésil et le Cameroun.
Le dossier « Détournement, imposture, falsification » de ce numéro 117 nous amène sur les pentes glissantes de l'art : quand il joue avec le faux. À l'image de la revue Adbusters dont Inter détourne le couvert, cette édition est riche d'éléments visuels, d'illustrations grand format et de montages graphiques. Sous la direction de Michaël La Chance, douze auteurs se sont commis sur ce thème : Brad Jersak rapproche les coups d'éclat des Pussy Riots et la scène de Jésus au Temple, Édith Brunette présente les Yes Men, qui transforment en farces les plus grands sommets politiques et économiques, Lina X. Aguirre fait un tour d'horizon de l'art piraté au Chili et Jonathan Lamy relate la suite et la fin de « l'affaire Dulac », entre autres. Hors dossier, une incursion dans le monde fascinant de Boris Nieslony et une rencontre avec Aapo Korkeaja.
Intitulé « Perfomatifs », le numéro 115 de la revue Inter, art actuel nous offre un grand dossier sur l'art performance. Tout d'abord, une « phrase » héroïque de 6000 mots d'Alain-Martin Richard retrace les 35 années d'activités de cette revue qui fait la promotion des arts performatifs depuis ses débuts. Les collaborateurs Jonathan Lamy, Barbara Roland, Julie Fiala, Magalie Uhl, Michaël La Chance, Hervé Fischer, Priscilla Vaillancourt et Patricia Aubé y vont de leurs analyses et de leurs commentaires afin de susciter la réflexion. Un index du performatif - inséré en supplément dans ce numéro - contribue à dresser un portrait actuel de cette forme d'art tout en donnant des outils pour mieux le comprendre. Un document incontournable pour les passionnés de l'art performance.
Le projet de ce numéro «Sexes à bras-le-corps», sur la question de la présence et du traitement du sexe dans la création contemporaine, est né d'un constat historique et amusé sur l'époque actuelle: dans les sociétés occidentales, la provocation ne se situe-t-elle pas davantage du côté des voiles que des nus? Ce dossier propose donc d'explorer quelques aspects de l'articulation entre art, sexe, sexualité, corps et politique aujourd'hui. Les textes réunis témoignent de la diversité des approches et offrent surtout un aperçu de quelques explorations autour de la sexualité et du genre, à partir d'un axe privilégié: le féminisme.
L'art contemporain a souvent tenté de rétablir le dialogue brisé entre l'homme et l'animal. Dévoiler les ressemblances, mais surtout prendre conscience de l'animalité des hommes en tant que condition nécessaire à l'équilibre existentiel. Inter numéro 113 nous propose un dossier sur l'art actuel qui questionne ce lien entre l'humain et l'animal en mettant un accent particulier sur l'art performance qui, selon Arti Grabowski, est celui qui partage et révèle le mieux la nature animale. Des portraits d'artistes oeuvrant dans les domaines de la performance donc, mais aussi de la photographie, de la peinture, de la sculpture et du film, tels que Benoît Aquin, Ricardo Arcos-Palma, Pascale Barret, Maurizio Cattelan, Éric Clémens, Isabelle Demers, Charles Dreyfus et Jean-Robert Drouillard, pour ne nommer que ceux-ci.
Transférer l'expérience, dossier principal de ce numéro d'Inter, art actuel, se penche sur l'art et son enseignement, sous la supervision de Jocelyn Robert.
L'art s'enseigne-t-il? Qu'en est-il de l'expérience esthétique dans les enjeux de la transmission? Comment penser une pédagogie de l'action, un enseignement de la performance? Comment articuler les rapports institutionnels en processus de résistance? Les arts visuels engendrent-ils une connaissance au-delà de l'expérience? Le cadre scolaire dénature-t-il l'action artistique? Des artistes, professeurs, théoriciens, performeurs, sociologues, directeurs de départements d'art d'ici et d'ailleurs prennent position dans un dossier étoffé. Quelques noms: Grégory Chatonsky, Marcel Jean, Michael La Chance, Antigone Mouchtouris, Valentin Torrens, Marilyn Arsem, James Elkins ...
Dans la section topos, on explore la Biennale de Lyon et celle de Venise ; on scrute le grand Alastair Mac Lennan, en workshop au Lieu, et on dialogue avec Bartolomé Ferrando.
Si l'art public et l'art d'intervention font l'objet depuis quelques années d'un regain d'attention critique et théorique, ce numéro de la revue Inter, art actuel s'intéresse à un type particulier de pratique : la micro-intervention. Cette dernière ne se limite pas aux seuls champs des arts, de l'architecture ou de l'urbanisme ; elle recoupe aussi par affinités procédurales des pratiques variées agissant par insertion ou immixtion dans l'environnement (le shopdropping, le tricot-graffiti, la guérilla jardinière, le passe-livres ainsi que certaines formes d'activisme et de médias tactiques). Quels rôles la micro-intervention peut-elle jouer dans le renouvellement du rapport au territoire, dans le développement de nouvelles approches d'aménagement urbain ou d'art public? Quel partage inédit des pouvoirs et du sensible ces explorations pragmatiques de l'infime peuvent-elles susciter? Voilà quelques exemples de questions traitées dans ce dossier.
Bien des choses se sont produites dans le milieu des arts autochtones depuis la parution du numéro 104 d'Inter, intitulé INDIENS/INDIANS/INDIOS et piloté par Guy Sioui Durand, au début de 2010. Il y a eu une effervescence palpable depuis six ans, tant sur le plan de l'art que sur celui du discours médiatique et les actes d'affirmation et les manifestations artistiques des Premières Nations se sont multipliés. Avec le dossier AFFIRMATION AUTOCHTONE de ce présent numéro, le rédacteur invité Jonathan Lamy met l'accent sur la dimension positive de la création, de l'expression et de la résistance des Premières Nations. Après l'indifférence, le racisme et le mépris, qui n'ont pas disparu, loin de là, on voit poindre une réelle écoute, un désir croissant de comprendre et d'échanger. L'affirmation autochtone est de plus en plus entendue. Et l'art y contribue activement.
Il s'agit, dans ce dossier, d'examiner les pratiques de dépouillement et de simplicité volontaire : comment peut-on assumer la pauvreté, comment la création est-elle perçue comme dénuement? Il s'agit de vivre et de créer avec peu, mais aussi de mettre en commun nos ressources, outils, technologies. L'artiste peut travailler par choix avec un matériel désuet, low-tech, recyclé, bon marché. Tout le monde peut réaliser son oeuvre, il est remplaçable, « disposable ». Il peut aussi travailler pour donner une voix aux exilés, aux réfugiés ; explorer la condition des personnes sans statut politique, sans droits civiques, sans représentation historique. Qu'est-ce que la « vie nue » (Agamben) dans une société des technologies et de la consommation?
En 1966, alors que le LSD était encore légal, les artistes étaient préoccupés par l'exploration du potentiel cognitif, la conquête de la « liberté interne ». Ils n'hésitaient pas à avoir recours aux psychotropes pour parvenir à des états seconds et à une conscience modifiée. Ils s'intéressaient aux philosophies orientales et au chamanisme de la Sibérie et de l'Amérique du Sud, à l'ayahuasca et au peyotl, dans leur recherche de nouvelles formes d'existence. Ce numéro riche en contenu explore, cinquante ans après, le rôle des prothèses chimiques dans l'art d'aujourd'hui et en quoi elles seraient supplantées par des « suppléments technologiques ». Nous pouvons nous demander si, en 2016, les artistes sont encore préoccupés par les « portes de la perception », s'ils cherchent une conscience augmentée, sinon une humanité transformée (H+). Avons-nous encore besoin de raccourcis spirituels, d'accélérateurs psychiques, d'électrochocs culturels?
La 124e édition de la revue d'art actuel Inter est un véritable happening, produit à l'occasion d'un geste collectif : « La revue comme action ». Le samedi 9 avril 2016, pendant huit heures d'affilée, les pages du numéro ont été créées sur les murs du Lieu, centre d'art de Québec, avec divers supports et disciplines correspondant aux participants sélectionnés. Ces participants, collaborateurs anciens et nouveaux, artistes et poètes, ont ainsi renoué avec le travail sur la revue comme objet et espace d'exposition. Une revue faite à la main à l'ère du numérique, un beau pari! Pensée critique, subversion graphique, rencontres entre la trace et l'empreinte : l'art actuel demande une implication directe dans tous les processus. Certaines pages ont été produites par plusieurs, d'autres en solo. La publication prenait progressivement forme au gré des situations et des contextes d'exécution. Échanges Québec-Bangkok, Günter Brus et Yoko Ono... autant de libertés créatives à explorer.
Le numéro automnal d'Inter, art actuel est la suite du dossier sur les risques et dérapages, thématique riche et étendue. Il insiste sur la nécessité de faire connaître le contexte spécifique à certaines oeuvres à risque et souligne l'importance de bien articuler la différence entre risque et dérapage. La page couverture du numéro présente d'ailleurs Fountain qui célèbre son 100e « anniversaire ». Pour l'occasion, Michael La Chance livre une analyse assez touffue et éclairante sur la « signature » et le développement du récit de Fountain dans son insertion historique. Inter propose d'ailleurs un opuscule qui est joint à la revue, témoignage aussi de la relativité des appropriations comme des propositions esthétiques. Des collaborateurs de diverses provenances et positions poursuivent ensuite l'incursion dans nos réalités en explorant des attitudes souvent radicales ou iconoclastes pour nous pousser à la réflexion et à l'exploration des limites, par des gestes et actions qui témoignent d'une situation actuelle souvent sans compromis.